LE LIN
Nous parlons là, d'une fibre végétale, utilisée pour diverses applications, dont principalement, la confection de tissus.
L'Histoire du Lin
La culture du lin remonterait à plus de 9000 ans, et aurait accompagné la sédentarisation des populations. D'abord utilisé à des fins culinaires (huile), le lin va être utilisé pour la fabrication de tissus et de vêtements, par les Égyptiens. C'est notamment le lin qui était utilisé, pour les momifications.
C'est, il y a seulement 2 millénaires, que le lin fait son apparition en Europe, principalement chez nous et nos voisins Belges et Hollandais. Sa culture et son utilisation se démocratisent au Moyen-âge, au nord du continent, et de la France, qui présentent des conditions idéales pour sa culture. Ce sera à partir du règne de Charlemagne, la fibre dominante sur tout le territoire.
Malheureusement, le Lin ratera le virage de l'industrialisation, à partir de la fin du 18éme siècle, et sera supplanté par le coton, puis par les fibres synthétiques. La culture du lin ne reprendra véritablement qu'à partir des années cinquante, de manière assez confidentielle. Notre nouveau millénaire, et toutes ses contraintes redonne un certain essor à cette matière... jusqu'à où ? Et jusqu'à quand ?
La culture du lin
On a souvent comme image du lin, une toile assez rugueuse. Et pourtant, sa plante donne une fleur violette, à l'opposé de cette image. C'est la tige de cette fleur qui nous intéresse. C'est elle qui va donner la fibre initiale, pour la réalisation du tissu.
Le lin est une plante annuelle, résistante, ayant un besoin relatif de soleil et d'eau. Pour ces raisons, sa culture se concentre au nord de la France.
La culture du lin nécessite peu ou pas d'engrais, ou autres substituts, du fait que la plante est particulièrement résistante, et qu'une « écorce » enrobe la tige, et la préserve de tout nuisible.
La récolte du lin se fait en plusieurs étapes, à partir du début de l'été.
Les plantes sont tout d'abord arrachées, ou, dans le cadre de la mécanisation, coupées ras.
Le Rouissage
Une fois récoltées, les tiges de lin sont laissées en champs, et régulièrement retournées. Humidité et températures clémentes vont favoriser le développement de micro-organismes, qui vont participer à libérer la fibre de son enveloppe.
Le Teillage
Cette opération, ou plutôt ces opérations mécaniques, visent dans un premier temps, à séparer les fibres textile, et la paille e lin. Dans un second temps, les fibres de lin sont débarrassées, de tout résidus et éléments végétaux « indésirables ».
Une longue fibre, après le teillage, appelée filasse, est presque prête à partir à la filature.
Le Peignage
Ultime étape avant la filature, le peignage. Comme son nom l'indique, il vise à peigner la filasse, afin d'éliminer les dernières impuretés et résidus, er à bien séparer chaque fil. Les fils sont ensuite rassemblés en rubans.
A noter, que les fils les plus courts, isolés lors du teillage et du peignage, sont également exploitables en filature, pour l'obtention d'un fil à usage industriel.
La filature
Il existe très clairement 2 méthodes de filature.
En amont de chacune, les rubans de fils sont lessivées, et peuvent être blanchies au besoin.
La filature à sec.
Elle concerne principalement les rubans courts, que nous pouvons qualifier de sous-produit. Après peignage et cardage, les rubans sont étirés. Le fil obtenu est assez épais, voire grossier....Disons plutôt rustique.
Ce fil, sera utilisé dans divers domaines industriels et vestimentaires, pour des articles épais.
La filature au mouillée
Une méthode qui porte bien son nom, et qui concerne les fils les plus longs, sélectionnés après le peignage. Le fil reste humide tout au long du processus d'étirement. Puis il subit une torsion, afin de renforcer sa solidité. Le fil obtenu est plus fin et régulier...Qualité premium dirons-nous.
Ce fil servira pour la réalisation d'habits, de voilage, d'articles de table, etc.
Le Tissage
Le lin se tisse de manière traditionnelle, comme tout tissu. Également, lors de cette opération, il peut être mélangé à d'autres fibres, comme du coton par exemple. Il est possible avec le lin, d'obtenir un tissu spécifique, avec un tissage spécifique, comme le jersey par exemple.
Nous parlons de tissage, mais le lin peut aussi être tricoté, pour la fabrication d'articles nécessitant un tissu souple et élastique, comme le T-shirt.
Ennoblissement du lin
Il est possible d'appliquer tout traitement, aussi bien au fil qu'au tissu. On entend par là le blanchiment, l'assouplissement, l'apprêt pour une teinture, etc.
Le résultat peut être bluffant, et un tissu de lin peut facilement se confondre avec des matières réputées plus souples, comme le coton.
Propriétés du Lin
Si le lin est cultivé, et utilisé dans l'habillement depuis des millénaires, ce n'est certainement pas sans raisons !
Le lin est largement reconnu, pour ses propriétés isolantes, et thermorégulatrices, qui en font le tissu roi de l'été. De manière plus méconnue, le lin peut aussi être une alternative en mi-saison, pour vous protéger du froid, tant que celui-ci n'est pas polaire.
Le lin se distingue par sa capacité, à parfaitement prendre la teinture, et à préserver les couleurs, de la lumière et du soleil.
Atout majeur, le lin ne se déforme pas, ni ne rétrécit, contrairement au coton.
Également, le lin est allergisant, et très agréable à porter, en toute occasion. C'est un textile facile à travailler, pour réaliser tout type de vêtements et d'accessoire.
Le seul inconvénient notable de cette matière, c'est qu'elle garde une propension naturelle à se froisser. Mais aussi à se repasser... Alors !
Lin et écologie
Le lin est une plante que l'on pourrait qualifier d'écolo. En effet, cette plante herbacée est naturellement protégeée des nuisibles, par l'enveloppe de sa tige. Également, elle n'appauvrit pas les sols....au contraire !
Le lin ne nécessite donc pas ou peu d'utilisation de pesticides et engrais chimiques.
La culture du lin ne nécessite pas de grandes quantités d'eau, et les précipitations naturelles sont suffisantes à sa croissance, sous réserve bien entendu, de l'implantation de ses cultures.
Le lin, en tant que culture, peut bénéficier de la labellisation AB.
C'est pour toutes ces raisons, que le lin est réputé Bio, même sans labellisation.
Il faut toutefois mettre un bémol au caractère écologique du lin, ou plutôt à l'exploitation et à la commercialisation de celui-ci. En effet, aujourd'hui, 80% des fibres de lin, sont produites en France et au Benelux. Malheureusement, ces fibres sont très largement exportées vers la Chine, afin d'être filées, avant de revenir en Europe sous forme de fil ou de produit fini. Un bilan carbone bien lourd, imputable à la décentralisation des outils de production !
Quel avenir pour le lin
Aussi bien les atouts de la plante, que les propriétés du tissu devraient permettre le large développement du lin, d'autant plus que l'intégralité de la plante est valorisable.
Quand on sait que la culture du coton est responsable de l'utilisation de 25% des pesticides, et 10% des engrais utilisés dans le monde...Il serait peut-être temps de faire quelque chose ! Idem, si on parle des quantités d'eau nécessaires à la culture du coton !
Le lin, peut-il remplacer le coton ? Et pourquoi pas, s'il y a une volonté politique. Le nord de la France et la Belgique, ne sont pas les seules terres propices à la culture du lin. Le coton apparaît aujourd'hui comme plus rentable et économique que le lin, mais qu'en serait-il, si la culture et la transformation du lin venait à s'industrialiser et à se mondialiser ?
De toutes les manières...Nous n'aurons bientôt plus le choix !
